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   L’INVITATION AU VOYAGE

         On ne peut parler de l’œuvre de Denis Oudet sans évoquer la question des socles. C’est même une excellente façon de l’aborder, une sorte d’impossible fondamental.  En effet cette question, il se la posait déjà avant même de faire de la sculpture, avant même d’envisager d’en faire un jour son métier. Car disait-il je n’ai jamais compris devant l’extase de ceux qui contemplaient la sculpture grecque antique comment on pouvait en admirer le piédestal.  Cette question se pose continuellement et se repose sans cesse. Depuis la première fois qu’il a commencé à travailler la terre de ses mains, celle-ci s’est toujours posée. Depuis la première œuvre qu’il a formée, qui était à la fois un œuf et une chrysalide, qui pouvait donc tout aussi bien être posée que suspendue, la question du support, du rattachement, était posée, soulevée, inscrite dans son œuvre. Une sculpture de Denis Oudet vient tout aussi bien se poser sur un chemin, s’ancrer sur une forme géométrique que se suspendre entre ciel et terre. Aussi ce sur quoi repose une œuvre de celui-ci n’est jamais un simple support ; elle est une partie profonde de l’œuvre aussi bien dans sa capacité que dans son incapacité à trouver un ancrage. Très souvent, quand il croit avoir terminé une œuvre, qu’il l’a déjà parfois même vendue, il s’aperçoit qu’il n’a pas prévu de solution pour l’exposer. Et là, un long travail, un long parcours reste à faire, parcours qu’il n’envisage même pas et qui n’en est que plus difficile. L’œuvre se situe donc quelque part entre le ciel et la terre, voire enfouie dans les profondeurs.

 

         Les figures de Denis Oudet reposent le plus souvent sur un chemin, une montagne, une colline.

         Au départ, il ne se destinait nullement à la sculpture mais à la biologie. Mais il est arrivé à la science à un moment charnière où celle-ci passait de l’époque naturaliste au règne de la biochimie. Mais c’est là que le poète s’est révélé car en fait, il ne cherchait pas dans la raison une réponse à son questionnement.

         Aussi quand on contemple une de ses œuvres, ce n’est pas la simple admiration d’un objet mais un chemin qu’on emprunte, un chemin qui ne vous dit pas sa destinée, un chemin aux mille détours, un chemin qui ne sait pas nécessairement où il va mais qui ne recule pas pour autant, un chemin qui vous invite à le prendre et même qui vous guide vers cet inconnu auquel chacun de nous aspire au plus profond de lui-même car cet inconnu n’est au fond qu’une part intime de la vie.

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